Pourquoi disait-on cochon et maintenant porc ?
On parle toujours de « lard », d’oreilles de cochon, il s’agit là de l’aster maritime qui est consommé dans la baie de Somme.
On dit toujours déjeuner, dîner et souper dans le Pas de Calais, avec parfois, le réflexe de se reprendre, comme si l’on avait commis une erreur, ou une faute.
Il y a quelques années, on faisait les commissions. Aujourd’hui, ce sont des courses.
La course, c’est celle du coursier lorsqu’il doit rapidement livrer un pli ou un colis.
Est-ce parce que l’on fait maintenant les commissions au pas de course ?
Emplettes a disparu. C’était des petites commissions, réservées aux plaisirs, à l’habillement…
Mais, revenons à nos cochons !
Aux Antilles, on dit toujours ragoût de cochon, côtelettes de cochon, cochon salé…
Ils utilisent également des termes qui n’ont rien à voir avec le cochon, qui sont interdits en France, où l’on nous a privés de certaines friandises comme les têtes de nègre, par exemple.
On y cuisine des « négresses en chemise ». Il est surprenant que le CRAN ne s’en offusque pas.
Un autre terme mignon dans la cuisine antillaise, les « lady’s fingers », qui désigne les gombos. Les associations féministes ne s’en indignent pas non plus.
Je ferme la parenthèse, ne désirant pas éplucher notre culture pour trouver matière à insister sur l’aspect politique des manifestations de ces organisations qui chipotent sur quelques termes souvent tombés en désuétude.
Revenons donc à nos cochons !
Dans mon enfance, on disait d’une personne qui mangeait goulûment qu’elle mange comme un cochon. Il est cochon. Tu cochonnes.
Celui qui tenait des propos osés, libertins, avait des intentions non avouables était qualifié de cochon. Cette image date du 13ème siècle.
Telle cette phrase : « Les hommes sont tous des cochons mais les femmes aiment ça. ».
Un slogan est né dernièrement : « Balance ton porc ! »
A-t-on utilisé « porc » parce que c’est plus percutant que « cochon » dans un slogan qui se veut agressif ?
Ce n’engage que moi : ce slogan est grossier, violent, se situe à la hauteur du comportement déplacé de certains hommes et ne sera utilisé que par une minorité, que ce soit femmes ou hommes.
Ou, uniquement par parisianisme ?
On a toujours dit « croûte de porc » pour le cuir.
Pour lui apporter des lettres de noblesse ?
On dit un cochon-tirelire (piggy banks, d’origine anglaise, lié à la prospérité, la fécondité de la truie), non un porc-tirelire ni les « Trois petits porcs ».
Le cochon est une sous-espèce du sanglier.
Il est omnivore, de la famille des porcins. Le terme porc provient du latin porcus.
Cochons et sangliers peuvent toujours se croiser, ils ne se sont pas éloignés, génétiquement parlant.
On appelle la dame cochon la truie ou coche. Le monsieur est le verrat, leurs enfants des porcelets, cochonnets, gorets. Ils deviennent des cochons de lait lorsqu’ils sont cuisinés.
La viande du cochon est la plus consommée dans le monde alors qu’elle est l’objet de nombreux interdits alimentaires.
Il fut un temps en lequel les cochons étaient en liberté dans les rue, occupant le rôle d’éboueurs.
Jusqu’à ce que l’un d’eux provoque la chute et la mort d’un prince et génère la publication d’un édit royal en interdisant la divagation. C’était au 12ème siècle et ne concernait que Paris.
A Hesdin, un article, datant de 1773, interdisait d’élever des cochons en ville d’avril à la Toussaint. De les laisser courir dans les rues, ainsi que l’élevage des lapins tout au long de l’année. L’histoire précise que l’amende, de 5 Livres, ira de moitié au dénonciateur. Jolie mentalité !
Les cochons ont été longtemps nourris des restes, des détritus de la cuisine, même de l’eau de vaisselle…
Le cochon est un animal propre, comme le chien ou le chat.
S’il est en liberté, il ne déposera pas un « caca » sur son lieu de vie, pour ne pas le polluer. J’ai connu un cheval qui déposait ses crottins dans un seul angle du pré… Le chien montait dans la colline pour faire ses besoins du matin. Idem pour le chat qui n’a jamais abîmé les semis…
L’hygiène ne semble pas être réservée aux humains.
L’on pourrait ajouter que ces derniers sont les plus cochons en ne respectant pas leur terre !
Le cochon est, biologiquement, proche de l’homme. Ce qui en fait un sujet d’étude médicale ainsi qu’un producteur d’éléments thérapeutiques. Sa peau est utilisée dans le traitement des grands brûlés.
Certaines races naines de cochons sont utilisées comme animaux de compagnie, tout en ne méritant pas le statut d’animal de compagnie, réservé, selon la législation européenne, aux carnivores domestiques, ni celui des équidés.
Abordons maintenant un sujet qui fâche…
Au Moyen-âge, le cochon est considéré comme un attribut du diable, personnifiant des vices précités, dès le XIIIème siècle, un homme débauché est un cochon !
Image qui perdure…
Pour les Grecs, Romains, Germains et Gaulois, il n’y a pas de tabou autour du cochon. Il est consommé, parfois sacrifié, alors associé à la fécondité et à l’intelligence.
Un interdit judaïque est relevé à plusieurs endroits dans la Torah et les Nevi’im.
« Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue et le pied fourchu, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur. »
Cet interdit a été souvent étudié, et plusieurs hypothèses ont été émises pour l’expliquer.
D’abord, d’ordre hygiénique, par rapport à l’alimentation du cochon qui se nourrit, comme le canard, de déchets.
Parce que sa viande serait difficile à digérer ?
Parce qu’elle se conserve moins bien qu’une autre, surtout dans les pays chauds alors qu’il est consommé en Asie.
Où ? Plus simplement ?
Parce qu’il existe des interdits concernant les animaux dans chaque culture ? On ne mange pas de chien ou de chat en occident.
Parce qu’il a des sabots fendus alors qu’il n’est pas un ruminant ?
Parce qu’il n’est pas apte à la transhumance et demande beaucoup d’eau et de nourriture ?
Le cochon et l’Islam
Que ce soit dans le Coran ou dans les hadiths, il est, à quelques exceptions, dans des cas de contrainte, le seul animal interdit pour son impureté.
Le cochon en Asie
En Inde, il sauve la déesse Terre en tuant, sous la forme de Vishnou, un démon qui voulait la tuer.
Les bouddhistes tibétains l’assimilent à l’ignorance, responsable de la misère du monde.
Les Chinois, Vietnamiens le considèrent comme symbole de prospérité et d’abondance.
Dans l’astrologie chinoise, les natifs de l’année du cochon sont dits patients, fondamentalement équilibrés et bien disposés envers leurs prochains…
C’est bien ecrit et tres informatif, super ! Bon courage