Centenaire de l’école d’Airon St Vaast

1858 – 1958 Un siècle d’école à Airon Saint Vaast

 

Classe Airon St Vaast 1957

 

Travail réalisé à l’occasion du centenaire de l’école par les coopérateurs du cours moyen et du cours de fin d’études.

 

plan 1813

Il y a plus d’un siècle

L’école existait déjà en 1747 car nous avons retrouvé le nom du « magister » : Delestoille.

En 1833, un crédit de 200 francs fut utilisé à la remise en état du toit et de la couverture en paille.

En 1850, le Conseil Municipal refusa de voter un crédit pour le renouvellement du mobilier car : « Les dimensions de la classe, 2,60 x 4,40 mètres, ne permettent pas de disposer le mobilier convenablement. Le mobilier est en assez bon état et disposé de manière à contenir les 24 élèves qui fréquentent l’école, dont 16 sont placés en regard d’une table pour l’écriture. »

Reconstruction de l’école en 1858

Le 20 novembre 1852, le Conseil Municipal est d’avis de la nécessité d’avoir une école convenablement construite pour remplacer l’ancienne trop exiguë et dans un état de vétusté tel qu’il ne permet pas de la restaurer.

Le 10 novembre 1855, l’Assemblée vote la reconstruction de la maison d’école avec une salle de mairie et décide que le bâtiment sera édifié sur le terrain de l’ancienne école en prenant l’alignement des propriétés contiguës.

Le plan présenté par l’architecte le 30 novembre 1856 fut approuvé le 14 janvier 1857 par la municipalité et par le Préfet le 5 août 1858.

Cette construction coûta 4671 Francs. La dépense fut couverte par :

– les fonds libres communaux, 722,70 Francs,

– une imposition extraordinaire de 336,30 Francs

– une vente de tourbe de 2812 Francs

– une subvention de 800 Francs

En 1858, année de la construction, un hectolitre de blé valait 26 Francs, un kilo de pain 0,30 Franc, un kilo de viande de bœuf 1,30 Franc, un kilo de beurre 2,96 Franc, un livre de vin 1 Franc.

Un domestique de ferme gagnait 207 Francs par an, un ouvrier (maçon,menuisier…) de 1,60 à 2,40 Francs par jour.

 

plan parcellaire du village en 1858

Agrandissement de l’école

Dès 1883, l’école étant trop petite, un projet d’agrandissement fut établi.

Il prévoyait l’achat d’une parcelle de terrain de 57 m² pour la construction de la classe actuelle, la transformation de l’ancienne classe en 2 pièces supplémentaires pour le logement de l’instituteur.

Mais, la commune n’ayant pas terminé de payer la reconstruction de l’église, ce n’est qu’en 1887 que le terrain fut acquis pour la somme de 90,10 Francs dont :

– 39,90 pour la parcelle de 57 m²

– 50,20 de frais.

Les travaux adjugés en 1888 furent terminés en 1889 et coûtèrent la somme de 4927,89 Francs.

La commune dut emprunter la somme de 4228 Francs remboursables en 30 ans.

Instituteur d’autrefois

Délibération du conseil municipal du 10 août 1833

Article 1er Il n’existe qu’un instituteur dans la commune auquel il est rétribué par les habitants une somme annuelle de 133 Francs…

Article 3 L’école est ouverte le 15 novembre et fermée le 1er mai. Le nombre d’élèves est approximativement de 22 dont il est rétribué pour l’instituteur primaire 30, 40, 50 ou 60 centimes par chacun des élèves, suivant la classe, par mois d’école.

Article 4 L’instituteur est obligé d’instruire gratis les enfants des indigents.

Article 5 L’instituteur est chargé d’accompagner le prêtre dans ses fonctions, de chanter à l’église, de sonner l’angélus, de balayer l’église au moins une fois par semaine.

Choix d’un instituteur

Lettre du Sous-Préfet

Monsieur le Maire

Suite à votre demande je vous autorise à réunir le Conseil Municipal à l’effet de faire choix d’un candidat pour remplir les fonctions d’instituteur en remplacement de M. Vasseur, décédé. L’avis du Comité local de l’Instruction primaire, sur le choix qui aura été fait, sera transmis avec la délibération du Conseil Municipal au Comité d’Arrondissement.

Délibération du conseil  de la municipalité

« Monsieur le Maire propose 2 candidats : Delacroix H. et Dufeutrel N. Après avoir pris l’avis du Comité local, le Conseil Municipal, ayant délibéré par voix de scrutin, il est résulté que le Sieur Delacroix a eu huit voix et le Sieur Dufeutrel . »

Avis du Comité d’Instruction publique

Séance du 28 octobre

(Le Comité local étant formé de 2 membres de droit, le prêtre de la paroisse et le Maire, de 2 notables désignés par le Comité supérieur. Il se réunissait le 1er lundi de chaque mois et 2 de ses membres étaient désignés pour l’inspection mensuelle de l’école.)

« Considérant que bien que les 2 candidats sont pourvus d’un brevet de capacité et jouissent d’une bonne réputation, il y a cependant lieu de donner la préférence à celui des deux qui a réuni le plus de suffrages et qui possède en outre les qualités accessoires pour être nommé clerc laïc de la paroisse, le Comité communal invite le Comité d’arrondissement à nommer Henri Delacroix, instituteur. »

Arrêté du Recteur de l’Académie de Douai en date du 30 novembre 1835

Nommant Delacroix Henri instituteur sur le vu de la délibération du Comité supérieur de Montreuil sur Mer en date du 2 novembre 1835.

Procès verbal d’installation

Je soussigné, Enlart, membre du Comité de l’Instruction primaire de Montreuil sur Mer, me suis transporté en la maison d’école d’Airon St Vaast où se trouvaient réunis MM. Henry, Maire, Radenne, desservant, Enlart Père et Leroux, membres du Comité local et le Sieur Delacroix, instituteur.

Et, en présence des susnommés et des élèves assemblés, j’ai donné lecture de l’arrêté d’institution délivré le 25 février 1836 par M. le Ministre de l’Instruction publique au sieur Delacroix, instituteur.

Le Sieur Delacroix a prêté en mes mains le serment ainsi conçu :

« Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du Royaume. »

Après quoi, j’ai déclaré que ledit Sieur Delacroix était définitivement installé dans les fonctions d’instituteur communal de la commune d’Airon St Vaast. »

Le 29 novembre 1836

 

vue aérienne

Les Maîtres d’école d’Airon St Vaast

1747 Delestoille P.

1777 Delacroix M.

1826 Vasseur J.B.

1835 Delacroix H.

1864 Delacroix Ch.

1875 Benait J.

1878 Risbourg

1879 Durant

1880 Thuillier

1881 Sarre

1881 Caron

1883 Rolland

1886 Flament

1888 Fusillier

1889 Lavogez

1896 Butez

1899 Delabel

1923 Mlle Pringarbe

1935 Mlle Fontaine

1943 Crochet

1948 Dehasse

1949 Mayeur

1955 Rohn

Traitement de l’instituteur

Le traitement de l’instituteur comprenait la rétribution scolaire payée par les parents et variant suivant le nombre d’élèves et de mois de présence à l’école, la part payée par la commune et une subvention de l’état destinée à amener ce traitement au minimum obligatoire.

C’est ainsi qu’en 1851, l’instituteur gagnait 600 Francs par an dont :

– 68 Francs de rétribution scolaire

– 200 Francs de part communale

– 332 Francs de subvention de l’État.

Autres traitements :

1865 : 700 Francs

1873 : 800 Francs

1883 : 900 Francs

1886 : 1000 Francs

Dès 1892, le traitement de l’instituteur n’est plus indiqué au budget communal.

L’école n’était pas gratuite

Chaque élève payait à l’instituteur, par mois de présence à l’école, une rétribution dont le montant était fixé par le Conseil municipal.

« Le Conseil municipal décide que le taux de la rétribution mensuelle à accorder à l’instituteur sera de 75 centimes en 1ère classe, 60 et 40 en 2ème et 3ème classes » (Délibération du 16 août 1841.)

En 1853, cette rétribution pouvait être payée annuellement sous la forme d’un abonnement : « 6 Francs pour les élèves qui n’apprenaient qu’à lire, 9 Francs pour les autres. »

En raison des charges de famille ou de l’indigence des parents, certains enfants étaient admis gratuitement.

Chaque année, la liste de ces élèves était dressée par le Maire et le prêtre, soumise à l’approbation du Conseil municipal et du Sous-Préfet.

Le 28 juillet 1867, à la suite de la loi Duruy, autorisant les communes à ouvrir des écoles gratuites, le conseil municipal déclarait « qu’il n’y avait pas lieu d’établir la gratuité absolue ».

De 1866 à 1882, cette rétribution resta fixée à 1,50 Franc par mois ou à 9 Francs pour l’abonnement annuel.

C’est ainsi qu’en 1867, 39 élèves fréquentèrent l’école dont 13 gratuitement et l’instituteur reçut des parents la somme de 190 Francs.

L’école ne devint gratuite qu’en 1883 à la suite de la loi obtenue par Jules Ferry, supprimant la rétribution scolaire dans les écoles primaire publiques.

L’école n’était pas laïque

École et église étaient autrefois liées.

Comme nous l’avons vu dans la délibération de 1833, l’instituteur, appelé jadis « magister » ou « clerc », assurait les fonctions de bedeau, clerc laïc, sacristain, sonneur… .

En 1850, la loi Falloux donnant à tout Français muni d’un brevet de capacité au Ministre du culte a le droit d’ouvrir une école, plaçait l’école sous la surveillance du clergé.

Le prêtre d’Airon St Vaast appartenait à la Commission communale de surveillance scolaire qui chaque mois inspectait l’école.

Il assistait à l’installation du nouvel instituteur :

Lettre de l’Inspecteur primaire

« Transmis à M. le Maire d’Airon St Vaast la nomination ci-jointe avec prière de vouloir procéder à l’installation de M. Thuilliers.

Montreuil le 2 avril 1880. »

L’enseignement religieux était donné dans l’école, pendant les heures de classe.

Dans son rapport annuel de 1872, l’instituteur écrivait :

« L’instruction religieuse comprend : les prières, le catéchisme, l’évangile, l’histoire sainte… Les enfants savent tous leurs prières et assistent régulièrement aux offices. »

Sur l’inventaire mobilier de l’école figuraient un crucifix, une évangile…

La loi de 1882, créant le congé du jeudi, donna à notre école publique son caractère laïque :

« Les classes vaqueront un jour par semaine, en outre du dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner à leurs enfants l’instruction religieuse en dehors des édifices publics. »

L’école n’était pas obligatoire

En 1844, le Comité local constate la mauvaise fréquentation scolaire : « Les parents retirent leurs enfants l’été et l’école devient déserte. Ils ne peuvent se passer d’eux pour les travaux de la campagne. »

C’est ainsi qu’en 1841, sur 29 enfants, 12 filles et 8 garçons étaient inscrits l’hiver et 6 filles l’été.

En 1849, en mai, 4 garçons et 4 filles étaient absents.

En juin, 11 garçons et 6 filles.

En juillet, août et septembre, personne ne se présentait.

En 1875, sur les 47 enfants de la commune, 32 étaient inscrits à l’école.

Les motifs d’absence étaient les travaux agricoles et la garde des bestiaux.

En 1883, les 49 enfants de la commune sont inscrits.

Situation scolaire en 1858

Sur les 175 enfants de la commune, 32 sont d’âge scolaire et 26 ont fréquenté l’école.

1 mois   2 enfants

3 ”            5 ”

5 ”            5 ”

6 ”           3 ”

8 ”          3 ”

9 ”          2 ”

10 ”      6 ”

Nombre d’élèves présents lors des mois de l’année scolaire 1858/1859

Octobre

6 garçons

6 filles

Novembre

6

7

Décembre

9

9

Janvier

12

9

Février

12

9

Mars

12

10

Avril                             12                         10
Mai                             11                            7
Juin                                8                            6

Juillet                                                                                                                                                                                                                                                          6                                                                                                                                                    6

Août                                                                                                                                                                                                                                                             6                                                                                                                                                    6

Statistiques

Année

Population

Nombre

de maisons

Enfants

d’âge scolaire

Nombre d’élèves

1813

153

28

1831

195

31

22

1858

175

42

32

26

1875

239

55

47

32

1883

255

54

49

49

1901

200

51

26

1921

214

54

31

1936

185

50

31

1956

189

50

27

1958

168

49

32

Degré d’instruction

Sur les registres de mariage de 1853 à 1863 nous relevons 134 personnes :

– 32 ayant déclaré ne pas savoir signer

– 102 ayant signé dont 30 d’une manière malhabile qui laisse supposer qu’elles ne savaient pas écrire.

Recensement de 1872

Tranche d’âge

Ne sachant ni lire

ni écrire

Sachant lire seulement

Sachant lire

et écrire

De 6 à 20 ans

13

10

32

+ de 20 ans

46

20

69

Totaux

59

30

101

Dépenses scolaires en 1882

1 registre d’appel 1,95

1 boîte de craie 1,25

12 cahiers à 0,10 1,20

12 cahiers à 0,10 1,20

Plumes et porte-plume 1,20

6 ardoises à 0,25 1,50

6 crayons à 0,05 0,30

Encre 1,40

Total : 10 Francs

 

Inspection académique à Airon St Vaast le 22 janvier 1957

 

Organisation matérielle

Locaux scolaires assez bien entretenus.

J’ai déjà signalé l’absence regrettable de cour de récréation.

La place située devant l’école permettrait aisément d’en aménager une, les enfants pourraient ainsi jouer en toute sécurité.

Classe convenablement décorée : tableaux encadrés représentant des sites pittoresques, grands tableaux pyrogravés, assiettes décorées.

Je vous demande :

– de prévoir un emplacement pour votre matériel (imprimerie, documents divers) pour ne pas donner une impression de désordre

– de munir le poêle de la grille réglementaire.

La bibliothèque comporte 121 volumes.

Activités manuelles convenablement exercées : travaux d’édition et de reliure pour tous, couture pour les filles, fabrication et décoration d’objets divers, travaux de pyrogravure pour les garçons.

Coopérative scolaire active, fêtes diverses, voyages, exposition…

Tenue et discipline : bonnes.

Fréquentation moyenne excellente de 95 %.

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JOCELYNE SIMONET
3 années il y a

FORMIDABLE cette leçon d’histoire. mon arrière grand père né a Airon st vaast “FAMILLE PETIT” dont une soeur était marié avec un Delacroix